La santé n’a pas de prix
Le principe de « gratuité des soins », pardon « d’exemption du paiement des soins » (oui, la sémantique est importante car « gratuité » serait un mot tabou !), ne semble déranger que ceux qui ont les moyens de payer leur accès aux services de santé.
Les conséquences du paiement direct
Le paiement direct impose une barrière financière à l’accès aux soins pour les pauvres et ne permet pas de financer les systèmes de santé. Il est pourtant très souvent remis en avant par certains.
Couverture maladie universelle et service public
Les services de santé publics sont souvent critiqués et stigmatisés, mais le plus souvent, la qualité des soins y est meilleure qu’ailleurs et seul un financement public peut garantir un accès équitable.
Vision et volonté politique
En Afrique de l’Ouest, l’accès aux services de santé des enfants passe notamment par une exonération du paiement des frais au point de service, ce qui coûte moins de 5 dollars US par enfant et par an. Son financement passe par la volonté des décideurs.
Préparation et financement des politiques de subventions
Certains programmes de subvention des soins sont partiels et comportent des « trous » dans le paquet de services offert. Ils sont souvent complexes, ce qui les rend difficilement compréhensibles pour la population et parfois même pour les agents de santé. Ainsi, ils vont à l’encontre du principe de continuité des soins et deviennent moins efficaces.
La prise en charge des indigents
La prise en charge des indigents est prévue dans les politiques de santé depuis l’instauration du paiement direct. Après 30 ans, des centaines d’ateliers, de comités, d’études et de recherches actions pour développer les critères et les processus de leur identification, les indigents sont toujours exclus du système de santé. Quel est le vrai problème ?
Maternité sans risque
Nous entendons parfois dire que jamais il ne sera possible de faire accoucher ces « femmes-là » au centre de santé, des raisons culturelles étant souvent convoquées. Pourquoi postuler que certaines populations n’iront jamais aux centres de santé alors que lorsque les barrières financières et géographiques sont levées, ce n’est plus le cas dans une majorité de cas?
Le mythe des mutuelles communautaires (CBHI)
En 30 ans de tentatives en Afrique de l’Ouest, les exemples les plus réussis de mutuelles de santé n’ont jamais dépassé 5% de couverture. Elles restent cependant des ritournelles incontournables dans les réflexions pour améliorer l’accessibilité financière aux soins de santé des pauvres.
Assurance santé et solidarité nationale
Dernièrement au Burkina Faso, comme au Mali, lors de la phase de concertations sectorielles et régionales sur les orientations stratégiques de l’assurance maladie universelle, plusieurs secteurs importants de la Nation se sont opposés au principe de solidarité nationale.
Le FBR et la motivation
Certains experts expliquent la garantie du succès du financement basé sur les résultats (FBR) par le fait qu’il repose notamment sur le principe de « la carotte et du bâton ». La motivation du personnel de santé n’est-elle pas un peu plus complexe que cela ?
FBR et santé des populations
Certaines expériences ont déjà montré que le paiement à la quantité pouvait avoir des effets pervers. A vouloir trop motiver les acteurs de la santé en fonction de la quantité de maladies, ne risque-t-on pas de rendre nos populations plus malades ?
Verticalisation et bureaucratie
Verticalisation et bureaucratie des nombreux programmes de santé font que le responsable d’un centre de santé doit gérer son équipe, ses intrants, son infrastructure, les ressources financières, la situation épidémiologique, continuer de se former, remettre tous les mois un nombre incalculable de rapports, etc. et accessoirement … soigner ses malades.
Equité et utilisation des données probantes
Même si la formulation de politique publique puis leur mise en œuvre ne sont jamais faciles, il existe de multiples preuves scientifiques pour les rendre efficaces et équitables. Or, ces 30 dernières années, les décideurs ont la plupart du temps oublié l’équité dans les politiques.
Plaidoyer ou prosélytisme … ?
Le prosélytisme dont font preuve la plupart des partenaires techniques et financiers (inclus certains chercheurs…), auprès des gouvernements pour vendre leur « agenda » tournent à la cacophonie pour les décideurs nationaux des politiques de santé.