L’exemple du paludisme en Afrique pour illustrer la tendance au retour de la conception biomédicale de la maladie dans les politiques internationales de santé communautaire. Document réalisé par Valéry Ridde, Thomas Druetz et Sylvie Zongo dans le cadre de la conférence-midi du CIRDIS (Centre interdisciplinaire de recherche en développement international et société), à Montréal, le 30 octobre 2014.

Les efforts des institutions internationales pour améliorer la santé reflètent certaines conceptions prédominantes sur la scène internationale. Ces conceptions étant sujettes au changement, les stratégies sanitaires qui en découlent évoluent – des effets de mode ont parfois été constatés, après le retour à l’agenda de stratégies promues des décennies plus tôt. Nous présenterons l’idée que la lutte contre le paludisme s’inscrit aujourd’hui dans une conception biomédicale de la maladie qui s’écarte de la conception intégrée et holistique de la santé proposée à Alma-Ata en 1978. Ce retour s’illustre à travers deux processus. D’une part, les agents de santé communautaires, autrefois agents de promotion de la santé, sont graduellement redéfinis en tant que mini-docteurs, voire simples distributeurs de médicaments. D’autre part, la disponibilité accrue des tests de diagnostic rapide et la modification des directives thérapeutiques encouragent l’amalgame entre maladie et infection parasitologique. Cette réduction conceptuelle laisse peu de place à l’action sur les déterminants sociaux et environnementaux.

Le fichier audio de l’évènement et la présentation: