Apport potentiel de l’Assurance Maladie Universelle face à l’exposition aux risques de santé au Burkina Faso : une étude en méthode mixte
Auteurs:
Isabelle Agier, PhD – Institut de Recherche en Santé Publique de l’Université de Montréal, (IRSPUM), Montréal, Canada. Correspondance:
Sylvie Zongo, PhD – Institut des Sciences des Sociétés du Centre National de la Recherche Scientifique et Technologique (INSS/CNRST), Ouagadougou, Burkina Faso.
Kadidiatou Kadio, M. Sc. – Institut de Recherche en Sciences de la Santé (IRSS/CNRST), Ouagadougou, Burkina Faso.
Antarou Ly, M. Sc. – Institut de Recherche en Sciences de la Santé (IRSS/CNRST), Ouagadougou, Burkina Faso.
Seni Kouanda, PhD – Institut de Recherche en Sciences de la Santé (IRSS/CNRST), Ouagadougou, Burkina Faso
Valéry Ridde, PhD – Institut de Recherche en Santé Publique de l’Université de Montréal, (IRSPUM), École de Santé Publique de l’Université de Montréal (ESPUM), Montréal, Canada.
Résumé:
Introduction: Les aléas financiers auxquels font face les ménages en Afrique de l’Ouest impliquent des dépenses importantes au niveau de la santé, mais également dans d’autres domaines. Une loi instituant le régime d’assurance maladie universelle a été voté en 2015 au Burkina Faso. Cet article montre comment la mise en place de cette Assurance Maladie Universelle (AMU) peut permettre de réduire l’incertitude qui pèse sur les finances des ménages et, par extension, offrir une protection financière aux plus vulnérables.
Méthodes: Nous adoptons un devis mixte de type exploratoire séquentiel (Qual QUANT) et appliquons les critères de Mixed Methods Appraisal Tool (MMAT). Dans une première étape qualitative, des entretiens avec les responsables de services financiers destinés aux ménages et des groupes de discussion les ménages, nous ont permis de développer les outils de mesure (scénarios, mises en situations, …) nécessaires à l’appréhension des concepts étudiés par le biais de l’expression de situation quotidienne où ils sont mis en pratique ainsi que par des mises en situation hypothétiques. La seconde étape a consisté à quantifier i) l’exposition à chaque type de risque, ii) les stratégies pour y faire face a priori et iii) celles a posteriori, et collecter le profil des répondants. Pour chacune des thématiques, les résultats quantitatifs et qualitatifs sont présentés de façon intégrée. Une description qualitative aborde en profondeur la thématique considérée, puis une quantification du phénomène est présentée sous forme d’une régression afin d’analyser les effets des aléas subits par les ménages par le prisme de l’équité.
Résultats: L’AMU peut réduire l’incertitude d’abord de façon directe car la santé est le type d’imprévu le plus important auquel font face les ménages. Ensuite parce que les stratégies de gestion a priori des imprévus (épargne en animaux ou de vivres) sont également soumises à des incertitudes (perte ou vol) en particulier pour les ménages ruraux et les plus modestes. Enfin, les stratégies de gestion a posteriori (emprunts ou dons) soumettent les plus modestes à une dépendance envers les plus aisées. L’AMU a donc un effet potentiel important en termes d’équité.
Discussion: L’AMU aurait donc un effet sur l’équité en réduisant la double incertitude maladie/épargne non sécurisés qui pèse plus fortement sur les ménages modestes et ruraux, la dépendance des plus vulnérables aux dons ou d’emprunt qui peuvent entrainer un premier retard de recours au soin. Cependant, les défis de mise en œuvre sont de taille, notamment en ce qui concerne la progressivité des contributions et la sensibilisation auprès d’une population faiblement exposée aux outils de protection financière. Une combinaison de plusieurs types de financement semble être inévitable mais requière une attention particulière quant à l’efficacité de la gestion administrative. La coordination des sources de financement doit également inclure les financements internationaux.
Mots-clé :Assurance maladie universelle, exposition aux risques, stratégies de gestion des risques, Burkina Faso.
Docteur en Anthropologie, Institut des Sciences des Sociétés/ Centre National de la Recherche Scientifique et Technologique du Burkina Faso. Chercheure Postdoctorante au Centre de Recherche du Centre Hospitalier de l’Université de Montréal (CRCHUM) au Canada.
E-mail:
Sylvie Zongo a réalisé une maîtrise de Sociologie avec mémoire à l’Université de Ouagadougou (Burkina Faso) en octobre 2004 et un Master 2 en Anthropologie Sociale, culturelle et bioculturelle obtenue en septembre 2006 à l’Université de Provence (France), avec le soutien scientifique et financier de l’unité de recherche 002 « Acteurs et systèmes de santé en Afrique » de l’Institut de Recherche pour le Développement (IRD- France). De 2008 à 2011, en tant qu’allocataire de recherche de l’Agence Nationale de recherche sur le VIH et les hépatites virales (ANRS) et accueillie au sein de l’équipe « maladies transmissibles, systèmes de santé et sociétés » de l’Unité Mixte de Recherche 912 (Inserm- IRD- U2), elle a conduit une thèse de doctorat qu’elle a soutenue en novembre 2012 à l’Université d’Aix-Marseille (France) pour obtenir le grade de docteur en Anthropologie. En août 2014, Sylvie Zongo est admise comme chercheure postdoctorante au Centre de Recherche du Centre Hospitalier de l’Université de Montréal (CRCHUM) au Canada sous la supervision du Pr Valéry Ridde. Elle est boursière du Programme stratégique de formation en recherche en santé mondiale des Instituts de Recherche en Santé du Canada et du Réseau de recherche en santé des populations du Québec. Depuis octobre 2013, Sylvie Zongo est attachée de recherche au département socio-économie et anthropologie du développement de l’Institut des Sciences des Sociétés du Centre National de la Recherche Scientifique et Technologique (INSS/CNRST) au Burkina Faso. Elle a collaboré à plusieurs programmes interdisciplinaires. Ses travaux ont porté sur les interactions entre les soignants et les soigné(e)s, le rapport à la maladie et l’accès aux soins de santé maternelle au Burkina Faso. Elle s’est aussi intéressée aux enjeux de la procréation dans le contexte de l’infection à VIH. Ses champs de recherche actuels concernent l’analyse des politiques publiques de santé.
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La vidéo des conférences “Communauté et couverture universelle en Afrique” organisées à l’ESPUM par la Chaire REALISME des IRSC (V.Ridde), en partenariat avec l’Institut de Recherche en Santé Publique de l’Université de Montréal, et animées par Omar Samb (Ph.D).
Au sommaire:
– Controverses et contraintes institutionnelles, techniques et socioculturelles autour du projet de régime d’assurance maladie universelle au Bénin. (3:40)
– Apport de la CSU face à l’exposition aux risques de santé au Burkina Faso. (19:50)
– Quand la gouvernance communautaire est-elle efficace? Résultats d’une étude expérimentale au Burundi et dans la province du Sud Kivu en RD du Congo. (44:15)
– Questions (1:07:30)
Pour rappel, vous trouverez ci-dessous l’affiche de la conférence.
